Les éditions originales de Ronsard

Ronsard a bénéficié de l’extraordinaire moyen de diffusion qu’a représenté l’imprimerie à partir du XVIe siècle. Imprimées, ses œuvres ont pu circuler à la cour et dans les milieux aristocratiques et intellectuels. Le Prieuré conserve et présente régulièrement des éditions originales du poète qui concernent particulièrement sa période de résidence au Prieuré ainsi que de ses amis écrivains qui gravitent autour de la Pléiade (Pontus de Tyard, Marc-Antoine Muret). Parmi ces éditions, on trouve deux éditions originales de ses œuvres complètes, dont l’une a conservé sa reliure d’origine, mais aussi La Franciade, les Discours des misères de ce temps, l’Institution pour l’adolescence du roi Charles IX, Les Odes…

Les éditions contemporaines

Grâce à la mise en musique de certains de ses poèmes, Ronsard a vu sa renommée accroitre de son vivant. Jusqu’au XXe siècle, il est admiré des poètes et les artistes ne cesseront de s’inspirer de ses vers pour créer d’autres œuvres : ainsi de Salvador Dalí, d’Emile Bernard (école de Pont-Aven), de Henri Matisse ou encore de Marie Laurencin. Le Prieuré travaille à l’enrichissement de ses collections en acquérant des livres de ces artistes illustrant les poèmes de Ronsard.

 

Parmi ces œuvres, les Amours de Cassandre de Pierre de Ronsard illustrés par Salvador Dalí sont particulièrement marquantes. L’ouvrage a été imprimé en mai 1968 à Paris avec un tirage à 299 exemplaires. C’est l’un de ces exemplaires (le n°127) sur vélin d’Arches teinté qui a été acquis en septembre 2019. Cet ouvrage de bibliophilie se présente sous la forme d’un in-folio, comportant 18 gravures originales de l’artiste, enrichi d’une suite de 10 gravures hors-texte en noir. Les poèmes sont illustrés de gravures à la pointe sèche au rubis et au diamant sur cuivre, parmi celles-ci on découvre un portrait de Ronsard et des représentations diverses de sa muse, Cassandre Salviati.

 

 

Les livres pauvres

Il y a 20 ans, le poète et critique littéraire Daniel Leuwers initiait l’aventure des livres pauvres avec sa première collection : Vice versa (comme pour souligner le va-et-vient entre poésie et peinture). Avec aujourd’hui plus de 2500 ouvrages dans les collections, des centaines d’auteurs et de plasticiens, des dizaines de collaborations menant à des expositions dans le monde entier, les collections déposées au Prieuré Saint-Cosme s’exposent par rotation, en fonction des thématiques des expositions temporaires ou de la programmation culturelle (Printemps des Poètes, Journées du Patrimoine).

 

Sous le qualificatif volontiers provocateur de pauvres, se cachent de petits livres d’artistes manuscrits par un poète faisant écho à l’intervention plastique d’un peintre ami., cette collection unique est née de la rencontre de Daniel Leuwers avec le poète René Char qui, avec ses « alliés substantiels », les peintres Vieira Da Silva, Picasso ou Braque, réalisait ces livres de dialogue. Si ces ouvrages de bibliophilie sont aujourd’hui des trésors jalousement conservés par de riches collectionneurs, l’ambition initiale de Daniel Leuwers était d’ouvrir largement le concept de livre pauvre aux poètes et artistes, en limitant le recours aux intermédiaires traditionnels du monde du livre : ni imprimeur, ni graveur, ni lithographe, ni relieur, ni éditeur.

 

Une simple feuille de papier pliée est envoyée au poète qui, de son écriture manuscrite, dispose le titre, le texte, le colophon, le tout enluminé par l’intervention originale d’un plasticien : peinture, collage, dessin … Et de pauvre, le livre devient riche. Créés dans un nombre réduit d’exemplaires originaux, quatre à six généralement – deux à quatre pour les artistes, un pour Daniel Leuwers et un pour la demeure de Ronsard –, ces livres sont tous uniques.

 

Présentés pour la première fois en 2003 dans le logis où vécut Ronsard, les livres pauvres se sont enrichis de la confrontation, du métissage et des échanges entre des artistes d’horizons divers. Du côté des écrivains, les plus affirmés – Fernando Arrabal, Michel Butor, Yves Bonnefoy, Andrée Chedid, François Cheng, Bernard Noël, Salah Stétié – tendent la main à la génération des Bernard Chambaz, Annie Ernaux, Guy Goffette, Nancy Huston, Henri Meschonnic, André Velter, parmi tant d’autres. Quant aux peintres, ils ont pour noms Pierre Alechinsky, Georges Badin, Béatrice Casadesus, Erró, Joël Leick, Michel Nedjar, Jean-Luc Parant, Patrice Pouperon, Gérard Titus-Carmel, Vladimir Velickovic, Claude Viallat, André Villers, Yuki…