Les résidences d’artistes
Lieu de création artistique du temps du Prince des Poètes, le Prieuré demeure un lieu d’accueil d’artistes contemporains (écrivains et plasticiens, musiciens et danseurs) sur des temps plus ou moins longs, pour un travail artistique sous des formes variées.
L’écrivain photographe Marc Blanchet a été accueilli en résidence d’artiste au Prieuré Saint-Cosme en septembre et octobre 2023, avec une échappée de quelques jours vers le pays vendômois et un retour de deux jours en hiver puis deux jours au printemps, couvrant ainsi les quatre saisons d’une année. En 2024, à l’occasion des 500 ans de la naissance de Pierre de Ronsard, il propose avec Ronsard Material, une suite de matières photographiques (tirages argentiques, Polaroïds, impressions textiles, leporello) en réponse aux multiples présences d’un lieu où ruines et bâtiments se marient à un parc et des jardins.
Avec Ronsard Material, Marc Blanchet archive librement l’œuvre-vie d’un poète « dont la langue chemine encore parmi nous ».
Photo extraite de la série Six portraits de roses
En 2023, avec son exposition Les Corps Insulaires, Florent Lamouroux questionne les multiples liens et interactions entre l’Homme et son milieu. De l’île dans le cours de Loire des origines, au site touristique qu’est devenu le Prieuré, en passant par la présence au Moyen-Age de la communauté religieuse, il tire matière à scruter la surface des corps, comme on étudierait la topographie d'un lieu, il creuse la notion d'humanité, comme on fouillerait un sol en profondeur, strate après strate, pour en découvrir la nature originelle.
En parallèle les Iles Noires, voisines proches du Prieuré, à l’identité fortement marquée par la présence de l'Homme témoignent d'une histoire partagée entre exploitation planifiée (agricole, touristique) et annexion anarchique (habitations précaires ou illégales, décharges à ciel ouvert).
En puisant dans les transformations passées et actuelles de ce « corps insulaire », Florent Lamouroux tente d'esquisser, sans se départir d’une certaine ironie, des formes d'un possible devenir, entre nature et culture.
Photo sculpture : Plastic (is)land - Cagettes de plastique bleues et vertes récupérées et fondues
En 2019/2021, Natalia Jaime-Cortez convoque un espace-temps ouvert et dilaté pour son exposition Les portants parcourant l’ensemble du Prieuré. Par la présence d’œuvres sur papiers (Les portants, Butinages) et d’un ensemble de vidéos, elle invite à la circulation et habite les lieux par la couleur. Elle lance aussi les bases de son projet 72% en réalisant des trempages de ses papiers dans la Loire accompagnés de vidéos témoignant de ces rituels que l’artiste entretient avec l’eau.
Sculpter l'équilibre, 2020
Le travail de Bruno Saulay, Expériences n°7, semble fonctionner comme un éco-système. Au centre du projet, une sculpture « à construire », un objet multi-facettes en hêtre contreplaqué. Par ses courbes tournoyantes, sa forme évoque une rosace. Selon un principe d’assemblage, chacun peut s’approprier cet ensemble en emboîtant les éléments en bois afin de constituer une assise amovible. La sculpture est déposée au sol. Alors, on prend place, on se positionne sur la surface plane, on cherche un point d’ancrage unique : le nôtre. L’objet se balance, jusqu’à s’immobiliser totalement sous l’influence de la répartition du poids de notre corps. Il n’est ni un socle, ni une sculpture tout à fait. Il reste toujours malléable, puisque chacun peut choisir sa manière d’être confortable à son contact. La sculpture devient l’outil qui nous permet de nous recentrer, d’aligner notre colonne vertébrale et d’écouter attentivement notre respiration. Elle se prolonge et co-existe avec la présence humaine. Comme au cours d’un jeu d’enfants composé de fragments disparates à élever ensemble, notre intuition nous guide dans la finalisation du projet de Bruno Saulay. L’artiste, qui a longtemps travaillé selon un principe de répétition pour constituer un répertoire de formes, propose aujourd’hui l’appropriation par tous de ce nouveau projet qui donne parfois lieu à des rencontres, à des ateliers ou à des performances. Expériences n°7 prend alors corps par le langage et l’échange collectif. Cette démarche révèle une dimension artistique et méditative tout à la fois. Elle rappelle les procédés du design et s’en éloigne pourtant, en dessinant les contours d’une architecture spirituelle vouée à se déployer à l’extérieur et à différentes échelles.
Élise Girardot, septembre 2020
En 2018, le prieuré a accueilli l’artiste Cyrille Courte qui a une pratique transversale inhabituelle à la frontière entre l’art, l’architecture et la science. Diplômé de l’École des Beaux-arts de Tours en 2014, il s’est aussitôt retrouvé en charge d’un projet en collaboration avec des scientifiques de la Station de Radioastronomie de Nançay. Les installations présentes au Prieuré Saint-Cosme étaient à la fois œuvres et objets de recherche : quasi immatérielles, ses trois structures étaient considérées comme des entités, des "êtres géométriques dans l’espace*". Spectrum, Antiprisme et Galaxy dialoguaient avec l’architecture du lieu tandis que la spatialisation sonore nous connectait avec le cosmos.
En 2018, durant quatre saisons, le performeur Fabien Delisle couche des pensées sur un papier de 10 mètres dans le réfectoire des chanoines, laisse se dissoudre le sens, afin de retrouver un motif, une trame, une texture. Une vaste allégorie de la vie donnant à percevoir une autre forme initiée par le fond (Noir Palimpseste).
Le Prieuré Saint-Cosme a également accueilli entre 2015 et 2017 lors de séjours d’auteurs proposés avec l’agence régionale pour le livre, l’image et la culture numérique (CICLIC), les écrivains Jean Pascal Dubost, Pierre Senges, Carole Martinez et Anne-James Chaton.