[…] Que tout ainsi que cette fleur se laisse
Passer soudain, perdant grâce et vigueur,
Et tombe à terre atteinte de langueur
Sans être plus des Amants désirée,
Comme une fleur toute défigurée,
Votre âge ainsi verdoyant s’en ira,
Et comme fleur sans grâce périra.
Donc ce pendant que votre âge fleuronne,
Et que Vénus de ses dons vous couronne,
Si m’en croyez, ne laissez perdre un jour
Sans folâtrer ou manier l’amour,
Pour n’avoir point regret en la vieillesse
D’avoir perdu en vain votre jeunesse.
Pierre de Ronsard, Elégie XI, 1567